Les promesses refleurissent avec les changements de saisons, après les fêtes, au changement d’année… Des promesses de kilos en moins, de joie de vivre, de facilité dans l’accomplissement de cet objectif, d’exemples réussis, de bonne santé à venir.
OUI, mais…nous le savons bien, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et vont y croire…pour un moment ou pour la vie.
Le concept est toujours le même : un plan alimentaire, des conseils, du tri alimentaire, des habitudes à modifier pour aboutir à un comportement alimentaire contraint et restrictif. La tromperie débute ici ! Dire qu’il n’y a pas de restriction tout en basant la proposition uniquement sur des choix arbitraires, faux scientifiquement, mais tellement facile à vendre.
Ces enseignes sont tellement sûres d’elles, qu’elles expliquent qu’elles sont les plus gros employeurs de diététiciens par exemple. Plus de 300 nouvelles embauches par an pour 650 centres… elles feraient mieux de cacher ce chiffre qui traduit un turn-over énorme des diététiciennes dans les boutiques. Oui ,il s’agit bien d’entreprises commerciales qui se présentent comme des cabinets de consultations paramédicales alors qu’ils emploient des salariés pour des temps partiels avec des horaires discontinus et vendent des produits et des conseils restrictifs dénoncés, entre autres, par la Haute Autorité de Santé française dans le cadre de gestion du poids.
Les temps de consultations, pardon, de « rendez-vous » (terme qu’ils utilisent pour ne pas tomber sous le coup de la loi), sont gratuits, mais dans la réalité, conditionnés à l’achat de produits de complémentation orale (pour environ 40 euros par semaine d’après leur propre communication). Des compléments que vous trouverez directement auprès de laboratoires ou de votre parapharmacie à des tarifs inférieurs et qui en aucune manière n’ont apporté la moindre preuve de leur intérêt dans l’amaigrissement.
Il faut bien comprendre que l’achat de ces produits va pouvoir rémunérer : la fourniture des produits, la diététicienne (qui n’a pas trouvé de travail et accepte ce job mal payé et éthiquement difficile), le franchisé (qui a investi dans la boutique souvent après une reconversion professionnelle dans le commerce…), le franchiseur (la société, multinationale souvent, qui commercialise le concept, produit la communication, etc…). Bref vous l’aurez compris, vous êtes là pour faire vivre plus qu’un professionnel de santé et le rémunérer d’un accompagnement adapté. Le corolaire à cette situation est que si les services de santé employaient réellement les professionnels de santé, modernisaient leurs formation, les diététiciens jeunes diplômés ou sans emploi ne seraient pas obligés de travailler pour ces enseignes au mépris de l’éthique et de leurs savoirs.
Pire, certaines enseignes ne prennent même plus la peine d’embaucher des professionnels de santé. Ils « forment » des coachs en nutrition, en rééquilibrage alimentaire, en amincissement… ces franchises sont parmi les plus rentables du marché, et elles s’en félicitent à coups de trophées de la réussite commerciale et de grand-messes.
Un truc simple pour démasquer ces attitudes non professionnelles et éthiquement discutables : demandez-leur de prendre les compléments sans le plan alimentaire (appelé généralement régime ou conseils de rééquilibrage alimentaire…) ; de subir tel ou tel application de produit ou d’appareil révolutionnaire, sans conseils alimentaires, on vous répondra que c’est la synergie des deux qui permet l’amaigrissement. Vous aurez compris que nous parlions de l’amaigrissement de votre corps à court terme et à long terme de celui de votre compte en banque.
Ces entreprises vont vous présenter des cas de succès. Les fameuses photos avant/après (technique commerciale ancestrale). Impossibles à vérifier ou bien vous présentant des statistiques toujours inférieures à 1 an pour les plus transparentes. C’est volontaire, les reprises de poids sont plus faibles juste après un régime ; mais les chiffres, quelles que soient les méthodes restrictives, sont effroyablement plus mauvais à 3 ans et à 5 ans : 97% et 99% d’échecs (études françaises et européennes).
Car il faut bien le dire, si vous arrivez à vous restreindre, vous réussirez peut-être à perdre du poids. Vous validerez la méthode, puis lorsque vous ne supporterez plus ces restrictions, ces choix imposés, que des comportements compulsifs vont apparaitre ou revenir, vous vous blâmerez vous-même de cet échec et de votre manque de volonté. En clair la faute vous reviendra alors qu’elle devrait en revenir à celle qui vous a vendu ce concept fallacieux. Après un régime vous reprenez du poids et l’estime de soi est diminuée.
Une variante est la fourniture de repas en conserve à domicile accompagnés d’un message subliminal : essai gratuit d’une semaine, c’est donc qu’ils sont certains de l’efficacité de leur proposition ! vous devrez payer quand même avant de recevoir vos repas (et éventuellement si vous en avez le courage pourrez renvoyer à votre charge 3 semaines de repas livrés). Cela doit être vrai, puisqu’une journaliste très connue en fait la promotion. Journaliste dont le discours sur les plateaux télé traduit une certaine obsession de l’image corporelle et de la maitrise du poids et qui a oublié de faire son travail de journaliste avant de se commettre dans la promotion de solutions si dangereuses. En fait, rien de nouveau, il s’agit de repas calibrés à moins d’énergie que votre besoin énergétique estimé, vous allez donc maigrir si vous respectez strictement les conseils délivrés avec vos repas. Tout cela sans prise en compte de votre situation, de vos antécédents, des risques pour votre santé…et surtout du taux d’échec à long terme. A l’arrêt…vous vous retrouverez dans la situation comportementale initiale. Mêmes causes, mêmes effets : reprise pondérale.
Ces reprises de poids seront l’occasion d’un petit ou d’un gros bonus : la reprise pondérale a de grandes chances de vous faire reprendre plus de poids que votre poids de départ. Le fameux effet yoyo. Celui qui au cours d’une vie de régime fait prendre des dizaines de kilos, perdre de la masse musculaire et osseuse et fait rentrer la personne dans un processus pathologique : l’obésité, maladie chronique multifactorielle aux conséquences nombreuses sur la santé et l’espérance de vie. Mais à ce moment-là, ces entreprises vont décliner toute responsabilité et ne plus vous prendre en charge ; en effet, ils annoncent d’ailleurs toujours ne pas prendre en charge les pathologies (diabète, hypertension…) pas plus que les femmes enceintes (eh oui ce type de prise en charge n’est pas très bonne pour le corps, ils le reconnaissent eux-même).
Pensez aussi à une chose simple : si ces méthodes étaient si efficaces, les hôpitaux universitaires la proposeraient, produiraient des études montrant l’efficacité des restrictions et des plans alimentaires, or, il n’en est rien, c’est tout le contraire, les professionnels de santé un peu compétents dans le domaine de la gestion du poids abandonnent ces approches restrictives délétères. La régulation du poids est de mieux en mieux connue. De très nombreux facteurs entrent dans les processus de régulation pondérale et toutes les stratégies qui visent à contraindre plutôt que de favoriser l’autorégulation sont vouées à l’échec parce qu’elles vont à l’encontre des mécanismes génétiques, physiologiques et psychologiques régissant ce statut pondéral.
Le plus grave est que tout cela est bien connu par ces entreprises. L’objectif n’est pas de vous accompagner, mais de vous « lessiver » pour faire croitre leurs chiffres d’affaires. Pas de soucis avec le concept, mais là, il s’agit de la santé d’individus, pas de vendre plus de chaussures ou de pâtes alimentaires.
Pourquoi sont-elles autorisées à proposer ce type de services délétères ? Tout simplement parce que peu d’écho est réservé à cette dénonciation. Les profits réalisés par ces entreprises sont colossaux, explicables par la très grande souffrance de leurs clients qui espèrent la solution miracle, facile, rapide à une situation devenue incontrôlable et insupportable. Parce que la pression des individus est très forte, l’espérance et les croyances dans des solutions miraculeuses ne cessent de croître. Parce que les accompagnements de santé publique / libérale sont très faibles : non prise en charge par la sécurité sociale des consultations, peu de professionnels formés à l’accompagnement à la modification du comportement alimentaire, une pression sociale grandissante sur l’image corporelle… laissent la porte ouverte à des rouleaux compresseurs de l’amaigrissement. Bref il est plus simple de ne rien changer que de remettre en question des années de prises en charge contreproductives.
Nous ferons semblant de découvrir dans quelques années ces pratiques dangereuses et très couteuses en termes de santé publique, et de nouvelles orientations seront proposées… ou pas…car il ne faudrait pas mettre en péril cette industrie et ses emplois.
Si vous avez un problème de poids ou si vous souhaitez aider quelqu’un qui souffre avec son poids, faites preuve de curiosité, de libre arbitre, de respect, ne vous orientez pas vers ces solutions mercantiles et dangereuses qui aggravent la situation à moyen et long terme et de façon irrémédiable.
Rappelez-vous que les bons conseils n’auront pas raison des envies de manger compulsives, que les comportements permettant votre stabilisation pondérale doivent être tolérés à vie sous peine d’échec à la moindre reprise. Avez-vous envie d’une vie de restriction, sans chocolat, sans fromage, sans… de ne pas manger les mêmes aliments que les autres… Ne vous laissez pas stigmatiser, ne stigmatisez pas les autres à cause de leurs poids et de leurs échecs passés dans la gestion pondérale. Ne faites pas confiance à ces vendeurs de soupes amaigrissantes qui vous assureront une reprise pondérale supérieure à l’arrêt ou l’échec de la méthode. Pensez à revenir aux fondamentaux du comportement alimentaire : sa régulation.